Difficile de ne pas constater le manque de films d’action dans la production hexagonale actuelle. Il est loin le temps où les prouesses de Belmondo faisaient le succès du cinéma populaire ou l’évocation du nom de Rémy Julienne résonnait dans tous les cœurs des fans de cascades motorisées. Les productions d’EuropaCorp auraient pu sonner comme une exception, mais à part la licence Taxi, le reste favorisait un casting anglophone pour viser avant tout une exploitation sur le marché international.
Si les productions françaises de films d’action sont devenues quasi invisibles, l’arrivée de Balle Perdue prouve qu’il existe toujours des talents pour faire vivre le genre.
Quelques jours après la sortie de cet actioner français sur Netflix, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec Guillaume Pierret afin de revenir avec lui sur son film et sur ses influences.
Alors ça, c’est une super bonne question… Je saurai pas te dire. Mais les réalisateurs qui m’inspirent ont tous en commun cette passion de la fabrication, de l’artisanat presque. Je pense à Peter Jackson, Guillermo Del Toro, et même Michael Bay. J’aime les choses les plus authentiques possibles, faites « en dur », où les acteurs et techniciens ont payé de leurs personnes. Ils ont également en commun cette générosité, ils livrent parfois des moments d’anthologie où je me dis « tiens, le gars était pas obligé, mais il l’a fait et je kiffe ». C’est con, mais je me souviens par exemple de la séquence des tonneaux dans le Hobbit 2 : Jackson aurait pu coller au bouquin en faisant juste un plan sur les Nains qui dérivent sur la rivière en mode incognito, mais non… Il te tartine ça pendant 6 minutes non-stop, c’est le chaos sur la berge, ça se tape, les tonneaux rebondissent… Bref à mon tout petit niveau, c’est vers ça que j’aimerais aller.
Je suis un immense fan des Mission : Impossible, et surtout des derniers. Mais la palme de la dernière décennie revient sans conteste à Fury Road. Et si on doit remonter plus loin, j’adore évidemment les Die Hard, les Cameron, et certains Tsui Hark, notamment La secte du lotus blanc.
Je suis influencé par tellement de trucs, de The Shield à Mad Max, en passant par toute une flopée de jeux vidéo, que j’ai lâché l’affaire lorsqu’il était question de citer des références. Alors oui, pour certaines scènes ou moments précis je vais citer des scènes de films, mais ça ne va jamais plus loin. Je n’aime pas m’enfermer, je ne veux pas communiquer avec des références de peur d’être mal compris et d’obtenir un résultat qui fait copier/coller. Mais bon, au moment de la prépa j’ai quand même pas mal cité Motorway (film d’action hongkongais produit par Johnnie To), The Shield, et la poursuite en voiture de Jack Reacher.
Bon ben là par exemple, je citais Yellow sea (NDLR : génial film de Na Hong-jin exploité sous le nom de The Murderer en France) : il y a une scène très impressionnante à mi-film où le personnage principal se retrouve à échapper à des flics. C’est le chaos, et lui est une anguille. Il n’est pas là pour taper des flics, il est là avant tout pour s’échapper. Balle Perdue est un film de cavale, le personnage doit constamment avancer, donc il était important de conserver ce feeling « s’échapper à tout prix ». Il ne recherche pas le combat, mais s’il faut taper, il tape. C’est un peu l’inverse du climax du Baiser mortel du dragon (que j’adore et qui m’a énormément influencé) où le perso rentre carrément dans le bâtiment pour casser la gueule de tout le monde.
Cette note d’intention était partagée par Manu Lanzi et son équipe. Il a délivré un super boulot, pour un résultat super bourrin comme j’aime.
Oui je suis un grand fan de tous les effets « en dur ». Ça apporte tout de suite de l’authenticité, et ça rejoint ma passion pour l’artisanat et la fabrication. Avec Alban Lenoir on était évidemment d’accord qu’il fallait qu’il soit au volant durant ces scènes (du moins le plus possible).
Oui, c’est d’ailleurs la première question que je me pose. Mes courts-métrages étaient extrêmement violents, parfois à l’extrême, et je n’avais pas envie de ça pour Balle Perdue. C’était un film plus lumineux, avec un personnage positif, que je ne voulais pas clivant ou graphiquement répulsif.
La grosse différence c’est surtout pendant les poursuites. Je ne suis plus assis sur le bord de la route avec mon caméscope à filmer des voitures qui ne roulent pas. Je pouvais enfin faire joujou avec des outils adaptés, suivre l’action, faire des plans lisibles, ne plus tricher à outrance pour donner une impression de vitesse.
Je continuerai à développer des films qui tendent vers cette envie de spectacle, de divertissement, quels qu’ils soient.
L’exposition, pour commencer. Sortir le film dans 190 pays, lui donner la chance de rencontrer immédiatement son public, c’est inestimable. Ce sont également des interlocuteurs passionnés, soucieux de la faisabilité des choses, qui soutiennent un projet jusqu’au bout du bout.
J’aimerais bien te répondre, mais je n’en sais absolument rien pour le moment !
0 Comments